Pourquoi une campagne « Manger bio et local, c’est l’idéal » ?
S.P : La réponse est dans le titre ! Plus sérieusement, nous disposons aujourd’hui d’informations validées par la communauté scientifique et les pouvoirs publics sur les avantages environnementaux de la bio en termes de protection de la ressource en eau, de la qualité de l’air et des sols. Ces informations sur le mode de production sont aussi corroborées du point de vue de la santé avec la dernière étude de l’Université de Newcastle qui montre que les fruits et légumes issus de l’agriculture biologique contiennent plus d’antioxydants et présentent moins de métaux lourds et résidus de pesticides qu’en agriculture conventionnelle. Enfin, nous savons depuis les dernières études issues du recensement agricole de 2010 que la bio est davantage créatrice d’emplois et d’activités économiques dans les territoires que l’agriculture conventionnelle. Manger bio et local, cela ressemble à la bonne équation si l’on veut concilier économie et environnement !
Est-ce toujours possible de manger bio et local, en termes de disponibilité et d’accessibilité ?
S.P : L’image de la bio est souvent assimilée à des produits chers. Notre campagne depuis plusieurs années maintenant veut montrer que les changements de mode de consommation permettent justement de trouver les produits au juste prix. il faut, c’est vrai, sortir de sentiers battus de la grande distribution même si cette dernière permet parfois aux producteurs de proposer leurs produits localement. Pour vous donner mon exemple, nous sommes une ferme de production laitière en Loire atlantique qui a fait le choix de la transformation de la moitié de sa production en fromages que nous vendons sur la ferme et dans une dizaine de magasins proches. Nous participons à trois systèmes locaux de paniers bio qui bénéficient à de nombreuses familles (2 Associations Pour le Maintien d’une Agriculture Paysanne-AMAP et 1 collectif de « mangeurs »). Nous avons pu créer plus de 3 emplois sur la ferme grâce à ce système de valorisation dans le territoire de la production et de la transformation. Il existe par ailleurs des circuits de proximité à dimension sociale (accessibilité de paniers bio à des publics défavorisés) que nous promouvons partout en France car les agriculteurs et agricultrices bio ont des valeurs fortes de solidarité.
Cette campagne est-elle propre à la FNAB ou s’appuie t-elle sur d’autres réseaux ou associations?
S.P : Elle s’appuie sur notre réseau de groupements régionaux et locaux partout en France dans un premier temps avec des ciné-débat, des salons et foires, des fermes ouvertes, des banquets etc. De nombreux événements qui témoignent de cette alliance spécifique entre les producteurs et les consommateurs dans la filière bio. Pour nous, l’agriculture doit être ouverte sur la société et ne pas se réfugier derrière sa technicité et son corporatisme pour maintenir une coupure avec nos concitoyens. A l’inverse, nous avons besoin que les citoyens et consommateurs viennent voir nos fermes et comprennent l’approche globale qu’est l’agriculture biologique. Cette année, nous contribuerons aussi à la fête nationale de la gastronomie qui aura lieu les 26, 27 et 28 septembre en lien privilégié avec le monde professionnel de la restauration et des métiers de bouche. L’occasion de montrer l’importance du système de production dans la qualité des produits pour de nombreux chefs et de rappeler les valeurs partagées de la convivialité. Nous soutenons également la journée de la transition qui aura lieu le 27 septembre en liens avec de nombreux réseaux associatifs et nous participerons enfin à la deuxième semaine des semences paysannes du 20 au 28 septembre. Toutes ces mobilisations témoignent d’un besoin d’agir de la société qui a compris l’urgence de la situation et l’évidence de certaines solutions globales et locales, comme en mangeant bio et local.